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Fables spirites

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Mille deuxième nuit des Contes arabes,

Dictée par l'Esprit de Frédéric Soulié.

PREFACE DE L'EDITEUR.

Dans le courant de l'année 1856, les expériences de manifestations spirites que l'on faisait chez M. B..., rue Lamartine, y attiraient une société nombreuse et choisie. Les Esprits qui se communiquaient dans ce cercle étaient plus ou moins sérieux ; quelques-uns y ont dit des choses admirables de sagesse, d'une profondeur remarquable, ce dont on peut juger par le Livre des Esprits, qui y fut commencé et fait en très grande partie. D'autres étaient moins graves ; leur humeur joviale se prêtait volontiers à la plaisanterie, mais à une plaisanterie de bonne compagnie et qui jamais ne s'est écartée des convenances. De ce nombre était Frédéric Soulié, qui est venu de lui-même et sans y être convié, mais dont les visites inattendues étaient toujours pour la société un passe-temps agréable. Sa conversation était spirituelle, fine, mordante, pleine d'à-propos, et n'a jamais démenti l'auteur des Mémoires du diable ; du reste, il ne s'est jamais flatté, et quand on lui adressait quelques questions un peu ardues de philosophie, il avouait franchement son insuffisance pour les résoudre, disant qu'il était encore trop attaché à la matière, et qu'il préférait le gai au sérieux.

Le médium qui lui servait d'interprète était Mlle Caroline B..., l'une des filles du maître de la maison, médium du genre exclusivement passif, n'ayant jamais la moindre conscience de ce qu'elle écrivait, et pouvant rire et causer à droite et à gauche, ce qu'elle faisait volontiers, pendant que sa main marchait. Le moyen mécanique employé a été pendant fort longtemps la corbeille-toupie décrite dans notre Livre des Médiums. Plus tard le médium s'est servi de la psychographie directe.

On demandera sans doute quelle preuve nous avions que l'Esprit qui se communiquait était celui de Frédéric Soulié plutôt que de tout autre. Ce n'est point ici le cas de traiter la question de l'identité des Esprits ; nous dirons seulement que celle de Soulié s'est révélée par ces mille circonstances de détail qui ne peuvent échapper à une observation attentive ; souvent un mot, une saillie, un fait personnel rapporté, venaient nous confirmer que c'était bien lui ; il a plusieurs fois donné sa signature, qui a été confrontée avec des originaux. Un jour on le pria de donner son portrait, et le médium, qui ne sait pas dessiner, qui ne l'a jamais vu, a tracé une esquisse d'une ressemblance frappante.

Personne, dans la réunion, n'avait eu des relations avec lui de son vivant ; pourquoi donc y venait-il sans y être appelé ? C'est qu'il s'était attaché à l'un des assistants sans jamais avoir voulu en dire le motif ; il ne venait que quand cette personne était présente ; il entrait avec elle et s'en allait avec elle ; de sorte que, quand elle n'y était pas, il n'y venait pas non plus, et, chose bizarre, c'est que quand il était là, il était très difficile, sinon impossible, d'avoir des communications avec d'autres Esprits ; l'Esprit familier de la maison lui-même cédait la place, disant que, par politesse, il devait faire les honneurs de chez lui.

Un jour, il annonça qu'il nous donnerait un roman de sa façon, et en effet, quelque temps après, il commença un récit dont le début promettait beaucoup ; le sujet était druidique et la scène se passait dans l'Armorique au temps de la domination romaine ; malheureusement, il paraît qu'il fut effrayé de la tâche qu'il avait entreprise, car, il faut bien le dire, un travail assidu n'était pas son fort, et il avouait qu'il se complaisait plus volontiers dans la paresse. Après quelques pages dictées, il laissa là son roman, mais il annonça qu'il nous en écrirait un autre qui lui donnerait moins de peine : c'est alors qu'il écrivit le conte dont nous commençons la publication. Plus de trente personnes ont assisté à cette production et peuvent en attester l'origine. Nous ne la donnons point comme une oeuvre de haute portée philosophique, mais comme un curieux échantillon d'un travail de longue haleine obtenu des Esprits. On remarquera comme tout est suivi, comme tout s'y enchaîne avec un art admirable. Ce qu'il y a de plus extraordinaire, c'est que ce récit a été repris à cinq ou six fois différentes, et souvent après des interruptions de deux ou trois semaines ; or, à chaque reprise, le récit se suivait comme s'il eût été écrit tout d'un trait, sans ratures, sans renvois et sans qu'on eût besoin de rappeler ce qui avait précédé. Nous le donnons tel qu'il est sorti du crayon du médium, sans avoir rien changé, ni au style, ni aux idées, ni à l'enchaînement des faits. Quelques répétitions de mots et quelques petits péchés d'orthographe avaient été signalés, Soulié nous a personnellement chargé de les rectifier, disant qu'il nous assisterait en cela ; quand tout a été terminé, il a voulu revoir l'ensemble, auquel il n'a fait que quelques rectifications sans importance, et donné l'autorisation de le publier comme on l'entendrait, faisant, dit-il, volontiers l'abandon de ses droits d'auteur. Toutefois, nous n'avons pas cru devoir l'insérer dans notre Revue sans le consentement formel de son ami posthume à qui il appartenait de droit, puisque c'est à sa présence et à sa sollicitation que nous étions redevable de cette production d'outre-tombe. Le titre a été donné par l'Esprit de Frédéric Soulié lui-même. A. K.

Une nuit oubliée.

I

Il y avait, à Bagdad, une femme du temps d'Aladin ; c'est son histoire que je vais te conter :

Dans un des faubourgs de Bagdad demeurait, non loin du palais de la sultane Shéhérazad, une vieille femme nommée Manouza. Cette vieille femme était un sujet de terreur pour toute la ville, car elle était sorcière et des plus effrayantes. Il se passait la nuit, chez elle, des choses si épouvantables que, sitôt le soleil couché, personne ne se serait hasardé à passer devant sa demeure, à moins que ce ne fût un amant à la recherche d'un philtre pour une maîtresse rebelle, ou une femme abandonnée en quête d'un baume pour mettre sur la blessure que son amant lui avait faite en la délaissant.

Un jour donc que le sultan était plus triste que d'habitude, et que la ville était dans une grande désolation, parce qu'il voulait faire périr la sultane favorite, et qu'à son exemple tous les maris étaient infidèles, un jeune homme quitta une magnifique habitation située à côté du palais de la sultane. Ce jeune homme portait une tunique et un turban de couleur sombre ; mais sous ces simples habits il avait un grand air de distinction. Il cherchait à se cacher le long des maisons comme un voleur ou un amant craignant d'être surpris. Il dirigeait ses pas du côté de Manouza la sorcière. Une vive anxiété était peinte sur ses traits, qui décelaient la préoccupation dont il était agité. Il traversait les rues, les places avec rapidité, et pourtant avec une grande précaution.

Arrivé près de la porte, il hésite quelques minutes, puis se décide à frapper. Pendant un quart d'heure il eut de mortelles angoisses, car il entendit des bruits que nulle oreille humaine n'avait encore entendus ; une meute de chiens hurlant avec férocité, des cris lamentables, des chants d'hommes et de femmes, comme à la fin d'une orgie, et, pour éclairer tout ce tumulte, des lumières courant du haut en bas de la maison, des feux follets de toutes les couleurs ; puis, comme par enchantement, tout cessa : les lumières s'éteignirent et la porte s'ouvrit.

II

Le visiteur resta un instant interdit, ne sachant s'il devait entrer dans le couloir sombre qui s'offrait à sa vue. Enfin, s'armant de courage, il y pénétra hardiment. Après avoir marché à tâtons l'espace de trente pas, il se trouva en face d'une porte donnant dans une salle éclairée seulement par une lampe de cuivre à trois becs, suspendue au milieu du plafond.

La maison qui, d'après le bruit qu'il avait entendu de la rue, semblait devoir être très habitée, avait maintenant l'air désert ; cette salle qui était immense, et devait par sa construction être la base de l'édifice, était vide, si l'on en excepte les animaux empaillés de toutes sortes dont elle était garnie.

Au milieu de cette salle était une petite table couverte de grimoires, et devant cette table, dans un grand fauteuil, était assise une petite vieille, haute à peine de deux coudées, et tellement emmitouflée de châles et de turbans, qu'il était impossible de voir ses traits. A l'approche de l'étranger, elle releva la tête et montra à ses yeux le plus effroyable visage qu'il se peut imaginer.

" Te voilà, seigneur Noureddin, dit-elle en fixant ses yeux d'hyène sur le jeune homme qui entrait ; approche ! Voilà plusieurs jours que mon crocodile aux yeux de rubis m'a annoncé ta visite. Dis si c'est un philtre qu'il te faut ; dis si c'est une fortune. Mais, que dis-je, une fortune ! la tienne ne fait-elle pas envie au sultan lui-même ? N'es-tu pas le plus riche comme tu es le plus beau ? C'est probablement un philtre que tu viens chercher. Quelle est donc la femme qui ose t'être cruelle ? Enfin je ne dois rien dire ; je ne sais rien, je suis prête à écouter tes peines et à te donner les remèdes nécessaires, si toutefois ma science a le pouvoir de t'être utile. Mais que fais-tu donc là à me regarder ainsi sans avancer ? Aurais-tu peur ? Je t'effraye peut-être ? Telle que tu me vois, j'étais belle autrefois ; plus belle que toutes les femmes existantes aujourd'hui dans Bagdad ; ce sont les chagrins qui m'ont rendue si laide. Mais que te font mes souffrances ? Approche ; je t'écoute ; seulement je ne puis te donner que dix minutes, ainsi dépêche-toi. "

Noureddin n'était pas très rassuré ; cependant, ne voulant pas montrer aux yeux d'une vieille femme le trouble qui l'agitait, il s'avança et lui dit : Femme, je viens pour une chose grave ; de ta réponse dépend le sort de ma vie ; tu vas décider de mon bonheur ou de ma mort. Voici ce dont il s'agit :

" Le sultan veut faire mourir Nazara ; je l'aime ; je vais te conter d'où vient cet amour, et je viens te demander d'apporter un remède, non à ma douleur, mais à sa malheureuse position, car je ne veux pas qu'elle meure. Tu sais que mon palais est voisin de celui du sultan ; nos jardins se touchent. Il y a environ six lunes qu'un soir, me promenant dans ces jardins, j'entendis une charmante musique accompagnant la plus délicieuse voix de femme qui se soit jamais entendue. Voulant savoir d'où cela provenait, je m'approchai des jardins voisins, et je reconnus que c'était d'un cabinet de verdure habité par la sultane favorite. Je restai plusieurs jours absorbé par ces sons mélodieux ; nuit et jour je rêvais à la belle inconnue dont la voix m'avait séduit ; car il faut te dire que, dans ma pensée, elle ne pouvait être que belle. Je me promenais chaque soir dans les mêmes allées où j'avais entendu cette ravissante harmonie ; pendant cinq jours ce fut en vain ; enfin le sixième jour la musique se fit entendre de nouveau ; alors n'y pouvant plus tenir, je m'approchai du mur et je vis qu'il fallait peu d'efforts pour l'escalader.

" Après quelques moments d'hésitation, je pris un grand parti : je passai de chez moi dans le jardin voisin ; là, je vis, non une femme, mais une houri, la houri favorite de Mahomet, une merveille enfin ! A ma vue elle s'effaroucha bien un peu, mais, me jetant à ses pieds, je la conjurai de n'avoir aucune crainte et de m'écouter ; je lui dis que son chant m'avait attiré et l'assurai qu'elle ne trouverait dans mes actions que le plus profond respect ; elle eut la bonté de m'entendre.

" La première soirée se passa à parler de musique. Je chantais aussi, je lui offris de l'accompagner ; elle y consentit, et nous nous donnâmes rendez-vous pour le lendemain à la même heure. A cette heure elle était plus tranquille ; le sultan était à son conseil, et la surveillance moins grande. Les deux ou trois premières nuits se passèrent tout à la musique ; mais la musique est la voix des amants, et dès le quatrième jour nous n'étions plus étrangers l'un à l'autre : nous nous aimions. Qu'elle était belle ! Que son âme était belle aussi ! Nous fîmes maintes fois le projet de nous évader. Hélas ! pourquoi ne l'avons-nous pas exécuté ? Je serais moins malheureux, et elle ne serait pas près de succomber. Cette belle fleur ne serait pas au moment d'être moissonnée par la faux qui va la ravir à la lumière.

(La suite au prochain numéro.)

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Une nuit oubliée ou la sorcière Manouza (DEUXIEME ARTICLE.) - Revue Spirite janvier 1859

Mille deuxième nuit des contes arabes,

Dictée par l'Esprit de Frédéric Soulié.

(DEUXIEME ARTICLE.)

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Remarque. - Les chiffres romains indiquent les suspensions qui ont eu lieu dans la dictée. Souvent elle n'était reprise qu'après une interruption de deux ou trois semaines, et malgré cela, ainsi que nous l'avons fait observer, le récit se suit comme s'il eût été écrit d'un seul jet ; et ce n'est pas là un des caractères les moins curieux de cette production d'outre-tombe. Le style en est correct et parfaitement approprié au sujet. Nous le répétons, pour ceux qui n'y verraient qu'une chose futile, nous ne le donnons pas comme une oeuvre philosophique, mais comme étude. Pour l'observateur, rien n'est inutile : il sait profiter de tout pour approfondir la science qu'il étudie.

III

Rien cependant ne semblait devoir troubler notre bonheur ; tout était calme autour de nous : nous vivions dans une parfaite sécurité, lorsqu'un soir, au moment où nous nous croyions le plus en sûreté, parut tout à coup à nos côtés (je puis dire ainsi, car nous étions à un rond-point où venaient aboutir plusieurs allées), tout à coup donc et à nos côtés, apparut le sultan accompagné de son grand vizir. Tous deux avaient une figure effrayante : la colère avait bouleversé leurs traits ; ils étaient, le sultan surtout, dans une exaspération facile à comprendre. La première pensée du sultan fut de me faire périr, mais sachant à quelle famille j'appartiens, et le sort qui l'attendait s'il osait ôter un seul cheveu de ma tête, il fit semblant (comme à son arrivée je m'étais jeté à l'écart), il fit, dis-je, semblant de ne pas m'apercevoir, et se précipita comme un furieux sur Nazara, à qui il promit de ne pas faire attendre le châtiment qu'elle méritait. Il l'emmena avec lui, toujours accompagné du vizir. Pour moi, le premier moment de frayeur passé, je me hâtai de retourner dans mon palais pour chercher un moyen de soustraire l'astre de ma vie aux mains de ce barbare, qui probablement, allait trancher cette chère existence.

- Et puis après, que fis-tu ? demanda Manouza ; car enfin, dans tout cela, je ne vois pas en quoi tu t'es tant tourmenté pour tirer ta maîtresse du mauvais pas où tu l'as mise par ta faute. Tu me fais l'effet d'un pauvre homme qui n'a ni courage ni volonté, lorsqu'il s'agit de choses difficiles.

- Manouza, avant de condamner, il faut écouter. Je ne viens pas auprès de toi sans avoir essayé de tous les moyens en mon pouvoir. J'ai fait des offres au sultan ; je lui ai promis de l'or, des bijoux, des chameaux, des palais même, s'il me rendait ma douce gazelle ; il a tout dédaigné. Voyant mes sacrifices repoussés, j'ai fait des menaces ; les menaces ont été méprisées comme le reste : à tout il a ri et s'est moqué de moi. J'ai aussi essayé de m'introduire dans le palais ; j'ai corrompu les esclaves, je suis arrivé dans l'intérieur des appartements ; malgré tous mes efforts, je n'ai pu parvenir jusqu'à ma bien-aimée.

- Tu es franc, Noureddin ; ta sincérité mérite une récompense, et tu auras ce que tu viens chercher. Je vais te faire voir une chose terrible : si tu as la force de subir l'épreuve par laquelle je te ferai passer, tu peux être sûr que tu retrouveras ton bonheur d'autrefois. Je te donne cinq minutes pour te décider.

Ce temps écoulé, Noureddin dit à Manouza qu'il était prêt à faire tout ce qu'elle voudrait pour sauver Nazara. Alors la sorcière se levant lui dit : Eh bien ! marche. Puis, ouvrant une porte placée au fond de l'appartement, elle le fit passer devant elle. Ils traversèrent une cour sombre, remplie d'objets hideux : des serpents, des crapauds qui se promenaient gravement en compagnie de chats noirs ayant l'air de trôner parmi ces animaux immondes.

IV

A l'extrémité de cette cour se trouvait une autre porte que Manouza ouvrit également ; et, ayant fait passer Noureddin, ils entrèrent dans une salle basse, éclairée seulement par le haut : le jour venait d'un dôme très élevé garni de verres de couleur qui formaient toutes sortes d'arabesques. Au milieu de cette salle se trouvait un réchaud allumé, et sur un trépied posé sur ce réchaud, un grand vase d'airain dans lequel bouillaient toutes sortes d'herbes aromatiques, dont l'odeur était si forte qu'on pouvait à peine la supporter. A côté de ce vase se trouvait une espèce de grand fauteuil en velours noir, d'une forme extraordinaire. Lorsqu'on s'asseyait dessus, à l'instant on disparaissait entièrement ; car Manouza s'y étant placée, Noureddin la chercha pendant quelques instants sans pouvoir l'apercevoir. Tout à coup elle reparut et lui dit : " Es-tu toujours disposé ? " - Oui, reprit Noureddin. - " Eh bien ! va t'asseoir dans ce fauteuil et attends. "

Noureddin ne fut pas plutôt dans le fauteuil que tout changea d'aspect, et la salle se peupla d'une multitude de grandes figures blanches qui, d'abord à peine visibles, parurent ensuite d'un rouge de sang, on eut dit des hommes couverts de plaies saignantes, dansant des rondes infernales, et au milieu d'eux, Manouza, les cheveux épars, les yeux flamboyants, les habits en lambeaux, et sur la tête une couronne de serpents. Dans la main, en guise de sceptre, elle brandissait une torche allumée lançant des flammes dont l'odeur prenait à la gorge. Après avoir dansé un quart d'heure, ils s'arrêtèrent tout à coup sur un signe de leur reine qui, à cet effet, avait jeté sa torche dans la chaudière en ébullition. Quand toutes ces figures se furent rangées autour de la chaudière, Manouza fit approcher le plus vieux que l'on reconnaissait à sa longue barbe blanche, et lui dit : " Viens ici, toi le suivant du diable ; j'ai à te charger d'une mission fort délicate. Noureddin veut Nazara, je lui ai promis de la lui rendre ; c'est chose difficile ; je compte, Tanaple, sur ton concours à tous. Noureddin supportera toutes les épreuves nécessaires ; agis en conséquence. Tu sais ce que je veux, fais ce que tu voudras, mais arrive ; tremble si tu échoues. Je récompense qui m'obéit, mais malheur à qui ne fait pas ma volonté. - Tu seras satisfaite, dit Tanaple, et tu peux compter sur moi. - Eh bien, va et agis. "

V

" A peine eut-elle achevé ces mots que tout changea aux yeux de Noureddin ; les objets devinrent ce qu'ils étaient auparavant, et Manouza se trouva seule avec lui. " Maintenant, dit-elle, retourne chez toi et attends ; je t'enverrai un de mes gnomes, il te dira ce que tu as à faire, obéis et tout ira bien. "

Noureddin fut très heureux de cette parole, et plus heureux encore de quitter l'antre de la sorcière. Il traversa de nouveau la cour et la chambre par où il était entré, puis elle le reconduisit jusqu'à la porte extérieure. Là, Noureddin lui ayant demandé s'il devait revenir, elle répondit : " Non ; pour le moment, c'est inutile ; si cela devient nécessaire, je te le ferai savoir. "

Noureddin se hâta de retourner à son palais ; il était impatient de savoir s'il s'y était passé quelque chose de nouveau depuis sa sortie. Il trouva tout dans le même état ; seulement, dans la salle de marbre, salle de repos en été chez les habitants de Bagdad, il vit près du bassin placé au milieu de cette salle, une espèce de nain d'une laideur repoussante. Son habillement était de couleur jaune, brodé de rouge et de bleu ; il avait une bosse monstrueuse, de petites jambes, la figure grosse, avec des yeux verts et louches, une bouche fendue jusqu'aux oreilles, et les cheveux d'un roux pouvant rivaliser avec le soleil.

Noureddin lui demanda comment il se trouvait là, et ce qu'il venait y faire. " Je suis envoyé par Manouza, dit-il, pour te rendre ta maîtresse ; je m'appelle Tanaple. - Si tu es réellement l'envoyé, de Manouza, je suis prêt à obéir à tes ordres, mais dépêche-toi, celle que j'aime est dans les fers et j'ai hâte de l'en sortir. - Si tu es prêt, conduis-moi de suite dans ton appartement, et je te dirai ce qu'il faudra faire. - Suis-moi donc, dit Noureddin. "

VI

Après avoir traversé plusieurs cours et jardins, Tanaple se trouva dans l'appartement du jeune homme ; il en ferma toutes les portes, et lui dit : " Tu sais que tu dois faire tout ce que je te dirai, sans objection. Tu vas mettre ces habits de marchand. Tu porteras sur ton dos ce ballot qui renferme les objets qui nous sont nécessaires ; moi, je vais m'habiller en esclave et je porterai un autre ballot. "

A sa grande stupéfaction, Noureddin vit deux énormes paquets à côté du nain, et pourtant il n'avait vu ni entendu personne les apporter. " Ensuite, continua Tanaple, nous irons chez le sultan. Tu lui feras dire que tu as des objets rares et curieux ; que s'il veut en offrir à la sultane favorite, jamais houri n'en aura porté de pareils. Tu connais sa curiosité ; il aura le désir de nous voir. Une fois admis en sa présence, tu ne feras pas de difficulté de déployer ta marchandise et tu lui vendras tout ce que nous portons : ce sont des habits merveilleux qui changent les personnes qui les mettent. Sitôt que le sultan et la sultane s'en seront revêtus, tout le palais les prendra pour nous et non pour eux : toi pour le sultan, et moi pour Ozara, la nouvelle sultane. Cette métamorphose opérée, nous serons libres d'agir à notre guise et tu délivreras Nazara. "

Tout se passa comme Tanaple l'avait annoncé ; la vente au sultan et la transformation. Après quelques minutes d'une horrible fureur de la part du sultan, qui voulait faire chasser ces importuns et faisait un bruit épouvantable, Noureddin ayant, d'après l'ordre de Tanaple, appelé plusieurs esclaves, fit enfermer le sultan et Ozara comme étant des esclaves rebelles, et ordonna qu'on le conduisit de suite auprès de la prisonnière Nazara. Il voulait, disait-il, savoir si elle était disposée à avouer son crime, et si elle était prête à mourir. Il voulut aussi que la favorite Ozara vint avec lui pour voir le supplice qu'il infligeait aux femmes infidèles. Cela dit, il marcha, précédé du chef des eunuques, pendant un quart d'heure dans un sombre couloir, au bout duquel était une porte de fer lourde et massive. L'esclave ayant pris une clef, ouvrit trois serrures, et ils entrèrent dans un cabinet large, long et haut de trois ou quatre coudées ; là, sur une natte de paille, était assise Nazara, une cruche d'eau et quelques dattes à côté d'elle. Ce n'était plus la brillante Nazara d'autrefois ; elle était toujours belle, mais pâle et amaigrie. A la vue de celui qu'elle prit pour son maître, elle tressaillit de frayeur, car elle pensait bien que son heure était venue.

(La suite au prochain numéro).

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Mon ami Hermann

Sous ce titre, M. H. Lugner a publié dans le feuilleton du Journal des Débats du 26 novembre 1858, une spirituelle histoire fantastique dans le genre d'Hoffmann, et qui au premier abord paraît avoir quelque analogie avec nos agénères et les phénomènes de tangibilité dont nous avons parlé. L'étendue de cette histoire ne nous permet pas de la reproduire dans son entier ; nous nous bornerons à en faire l'analyse, en faisant observer que l'auteur la raconte comme un fait dont il aurait été personnellement témoin, étant, dit-il, lié d'amitié avec le héros de l'aventure. Ce héros, du nom d'Hermann, habitait une petite ville du fond de l'Allemagne. " C'était, dit le narrateur, un beau garçon de 25 ans, d'une mine avantageuse, plein de noblesse dans tous ses mouvements, gracieux et spirituel dans son langage. Il était fort instruit sans la moindre pédanterie, très fin sans malice, très soigneux de sa dignité sans la moindre arrogance. Bref, il était parfait en tout, et plus parfait encore en trois choses qu'en tout le reste : son amour pour la philosophie, sa vocation particulière pour la valse, et la douceur de son caractère. Cette douceur n'était pas faiblesse, ni crainte d'autrui, ni défiance exagérée de soi-même : c'était une inclination naturelle, une surabondance de ce milk of human kindness qu'on ne trouve ordinairement que dans les fictions des poètes, et dont la nature avait départi à Hermann une dose inaccoutumée. Il contenait et soutenait à la fois ses ennemis avec une bonté toute puissante et supérieure aux outrages ; on pouvait le blesser, mais non pas le mettre en colère. Son coiffeur lui ayant un jour brûlé le bout de l'oreille en le frisant, Hermann s'empresse de s'excuser, prenant la faute sur lui, assurant même qu'il avait remué mal à propos. Il n'en était rien cependant, et je puis le dire en conscience, car j'étais là et j'avais vu clairement que tout venait de la maladresse du coiffeur. Il donna bien d'autres marques de l'imperturbable bonté, de son âme. Il écoutait lire de mauvais vers d'un air angélique, il répondait aux plus sottes épigrammes par des compliments bien tournés, et les plus méchants esprits avaient usé contre lui leurs méchancetés. Cette douceur inouïe l'avait rendu célèbre ; il n'était pas de femme qui n'eût donné sa vie pour surveiller sans relâche le caractère d'Hermann et pour chercher à lui faire perdre patience au moins une fois en sa vie. "

" Ajoutez à tous ces mérites l'avantage d'une entière indépendance et une fortune suffisante pour être compté parmi les plus riches citoyens de la ville, et vous aurez peine à imaginer qu'il pût manquer quelque chose au bonheur d'Hermann. Cependant il n'était pas heureux et donnait souvent des signes de tristesse... Cela tenait à une infirmité singulière qui l'avait affligé toute sa vie et qui avait longtemps exercé la curiosité de sa petite ville. "

" Hermann ne pouvait rester éveillé un instant après le coucher du soleil. Lorsque le jour approchait de sa fin, il était pris d'une langueur insurmontable, et tombait par degré dans un assoupissement que rien ne pouvait prévenir et dont rien ne pouvait le tirer. S'il se couchait avec le soleil, il se levait avec le jour, et ses habitudes matinales auraient fait de lui un excellent chasseur s'il avait pu surmonter son horreur pour le sang et souffrir l'idée de donner une mort cruelle à d'innocentes créatures. " Voici en quels termes, dans un moment d'épanchement, il rend compte de sa situation à son ami du Journal des Débats :

" Vous savez, mon cher ami, à quelle infirmité je suis sujet et quel sommeil invincible m'opprime régulièrement depuis le coucher jusqu'au lever du soleil. Vous êtes là-dessus aussi instruit que tout le monde, et comme tout le monde, vous avez entendu dire que ce sommeil ressemble à s'y méprendre à la mort. Rien n'est plus vrai, et ce prodige m'importerait peu, je vous le jure, si la nature s'était contentée de prendre mon corps pour le sujet d'une de ses fantaisies. Mais mon âme est aussi son jouet, et je ne puis vous dire sans horreur le sort bizarre et cruel qui lui a été infligé. Chacune de mes nuits est remplie par un rêve, et ce rêve se rattache avec la plus fatale clarté au rêve de la nuit précédente. Ces rêves (plût à Dieu que ce fussent des rêves !) se suivent et s'enchaînent comme les événements d'une existence ordinaire qui se développerait à la face du soleil et dans la compagnie des autres hommes. Je vis donc deux fois et je mène deux existences bien différentes : l'une se passe ici avec vous et avec nos amis, l'autre bien loin d'ici, avec des hommes que je connais aussi bien que vous, à qui je parle comme je vous parle, et qui me traitent de fou, comme vous allez le faire, quand je fais allusion à une autre existence que celle que je passe avec eux. Et pourtant ne suis-je pas ici vivant et parlant, assis auprès de vous, bien éveillé je pense ; et celui qui prétendrait que nous rêvons ou que nous sommes des ombres, ne passerait-il pas à juste titre pour un insensé ? Eh bien ! mon cher ami, chacun des moments, chacun des actes qui remplissent les heures de mon inévitable sommeil n'a pas moins de réalité, et quand je suis tout entier à cette autre existence, c'est celle-ci que je serais tenté d'appeler un rêve. "

" Pourtant je ne rêve pas plus ici que, là-bas ; je vis tour à tour des deux côtés, et je ne saurais douter, bien que ma raison en soit étrangement blessée, que mon âme n'anime successivement deux corps et ne mène ainsi de front deux existences. Hélas ! mon cher ami, plût à Dieu qu'elle eût dans ces deux corps les mêmes instincts et la même conduite, et que je fusse là-bas l'homme que vous connaissez et que vous aimez ici. Mais il n'en est rien, et l'on n'oserait guère contester l'influence du physique sur le moral si l'on connaissait mon histoire. Je ne veux point me vanter, et d'ailleurs l'orgueil que pourrait m'inspirer l'une de mes deux existences est bien rabattu par la honte qui est inséparable de l'autre ; cependant je puis dire sans vanité qu'ici je suis justement aimé et respecté de tout le monde ; on loue ma figure et mes manières ; on me trouve l'air noble, libéral et distingué. J'aime, comme vous le savez, les lettres, la philosophie, les arts, la liberté, tout ce qui fait le charme et la dignité de la vie humaine ; je suis secourable aux malheureux et sans envie contre mon prochain. Vous connaissez ma douceur passée en proverbe, mon esprit de justice et de miséricorde, mon insurmontable horreur pour la violence. Toutes ces qualités qui m'élèvent et qui m'ornent ici, je les expie là-bas par les vices contraires ; la nature, qui m'a comblé ici de ses bénédictions, s'est plu là-bas à me maudire. Non seulement elle m'a jeté dans une situation inférieure où j'ai dû rester, sans lettres et sans culture, mais elle a donné à cet autre corps, qui est aussi le mien, des organes si grossiers ou si pervers, des sens si aveugles et si forts, de tels penchants et de tels besoins, que mon âme obéit au lieu de commander, et qu'elle se laisse traîner à la suite de ce corps despotique dans les plus vils désordres. Là-bas, je suis dur et lâche, persécuteur des faibles et rampant devant les forts, impitoyable et envieux, naturellement injuste, violent jusqu'au délire. C'est moi-même pourtant, et j'ai beau me haïr et me mépriser, je ne puis me méconnaître. "

" Hermann s'arrêta un instant ; sa voix était tremblante et ses yeux mouillés de larmes. Je lui dis en essayant de sourire : Je veux flatter votre folie, Hermann, pour la mieux guérir. Dites-moi tout ; et d'abord, où se passe cette autre existence et sous quel nom y êtes-vous connu ? "

" Je m'appelle William Parker, reprit-il ; je suis citoyen de Melbourne, en Australie. C'est là, aux antipodes, que mon âme s'envole aussitôt qu'elle vous quitte. Lorsque le soleil se couche ici, elle laisse Hermann inanimé derrière elle, et le soleil se lève là-bas lorsqu'elle vient rendre la vie au corps inanimé de Parker. Alors commence ma misérable existence de vagabondage, de fraude, de rixes et de mendicité. Je fréquente une mauvaise société, et j'y suis compté parmi les pires ; je suis sans cesse en lutte avec mes compagnons et j'ai souvent la main au couteau ; je suis toujours en guerre avec la police et souvent réduit à me cacher. Mais tout a un terme en ce monde, et ce supplice touche à sa fin. J'ai heureusement commis un crime. J'ai tué lâchement et brutalement une pauvre créature qui s'était attachée à moi. J'ai ainsi porté à son comble l'indignation publique, déjà excitée par mes méfaits. Le jury m'a condamné à mort et j'attends mon exécution. Quelques personnes humaines et religieuses ont intercédé auprès du gouverneur pour obtenir ma grâce ou du moins un sursis qui me donnât le temps de me convertir. Mais on connaît trop bien ma nature grossière et intraitable. On a refusé, et demain, ou, si vous l'aimez mieux, cette nuit, je serai infailliblement conduit à la potence. "

" Eh bien ! lui dis-je en riant, tant mieux pour vous et pour nous ; c'est un bon débarras que la mort de ce drôle. Une fois Parker lancé dans l'éternité, Hermann vivra tranquille ; il pourra veiller comme tout le monde et rester jour et nuit avec nous. Cette mort-là vous guérira, mon cher ami, et je sais gré au gouverneur de Melbourne d'avoir refusé la grâce à ce misérable. "

" Vous vous trompez, me répondit Hermann avec une gravité qui me fit peine ; nous mourrons tous deux ensemble, car nous ne sommes qu'un malgré nos diversités et notre antipathie naturelle, nous n'avons qu'une âme qui sera frappée d'un seul coup, et en toute chose nous répondons l'un pour l'autre. Croyez-vous donc que Parker vivrait encore si Hermann n'avait pas senti que dans la mort comme dans la vie ils étaient inséparables ? Aurais-je hésité un instant si j'avais pu arracher et jeter au feu cette autre existence comme l'oeil maudit dont parle l'Ecriture ? Mais j'étais si heureux de vivre ici que je ne pouvais me résoudre à mourir là-bas, et mon irrésolution a duré jusqu'à ce que le sort ait tranché pour moi cette question redoutable. Aujourd'hui tout est dit, et croyez bien que je vous fais mes adieux. "

" Le lendemain on trouva Hermann mort dans son lit, et quelques mois après, les journaux d'Australie apportèrent la nouvelle de l'exécution de William Parker, avec toutes les circonstances décrites par sa doublure. "

Toute cette histoire est racontée avec un imperturbable sang froid et du ton le plus sérieux ; rien ne manque, dans les détails que nous omettons, pour y donner un cachet de vérité. En présence des phénomènes étranges dont nous sommes témoins, un fait de cette nature pourrait sembler sinon réel, du moins possible, et se rapporter jusqu'à un certain point à ceux que nous avons cités. Ne serait-il pas en effet l'analogue de celui du jeune homme qui dormait à Boulogne tandis qu'au même instant il causait à Londres avec ses amis ? de saint Antoine de Padoue, qui le même jour prêchait en Espagne et se montrait à Padoue pour sauver la vie de son père accusé de meurtre ? Au premier abord on peut se dire que si ces derniers faits sont exacts, il n'est pas plus impossible que cet Hermann vécût en Australie tandis qu'il dormait en Allemagne et réciproquement. Quoique notre opinion fût parfaitement établie à cet égard, nous crûmes devoir en référer à nos instructeurs d'outre-tombe dans une des séances de la société. A cette question : Le fait rapporté par le Journal des Débats est-il réel ? il fut répondu : Non ; c'est une histoire faite à plaisir pour amuser les lecteurs. - S'il n'est pas réel, est-il possible ? - R. Non ; une âme ne peut animer deux corps différents.

En effet, dans l'histoire de Boulogne, bien que le jeune homme se soit montré en deux endroits simultanément, il n'avait bien réellement qu'un corps en chair et en os qui était à Boulogne ; à Londres, il n'y avait que l'apparence ou périsprit, tangible, il est vrai, mais qui n'était pas le corps lui-même, le corps mortel ; il n'aurait pas pu mourir à Londres et à Boulogne. Hermann, au contraire, selon l'histoire, avait bien réellement deux corps, puisque l'un fut pendu à Melbourne et l'autre enterré en Allemagne. La même âme aurait ainsi mené de front deux existences, ce qui, selon les Esprits, n'est pas possible. Les phénomènes du genre de celui de Boulogne et de saint Antoine de Padoue, bien qu'assez fréquents, sont d'ailleurs toujours accidentels et fortuits chez un individu, et n'ont jamais un caractère de permanence, tandis que le prétendu Hermann était ainsi depuis son enfance. Mais la raison la plus grave de toutes est celle de la différence des caractères ; assurément, si ces deux individus n'avaient eu qu'une seule et même âme, elle ne pouvait être alternativement celle d'un homme de bien et celle d'un bandit. L'auteur se fonde, il est vrai, sur l'influence de l'organisation ; nous le plaignons si telle est sa philosophie, et plus encore s'il cherche à l'accréditer, car ce serait nier la responsabilité des actes ; une pareille doctrine serait la négation de toute morale, puisqu'elle réduirait l'homme à l'état de machine.

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